Formée à New York en architecture d’intérieur, c’est finalement sur des nappages sucrés que la Genevoise Stéphanie Harford agence ses décors. Gâteaux en forme de tourne-disque, château fort, et même de déclaration fiscale, sont autant d’oeuvres d’art dont on ne fait qu’une bouchée!
Pourquoi avoir commencé par l’architecture d’intérieur?
J’étais attirée par la mode, l’architecture, le graphisme, mais sans savoir vraiment quelle voie emprunter. Un jour, ma grand-mère m’a demandé: «Quelle est la première chose que tu as envie de faire le matin?» J’ai répondu: «Redécorer ma chambre!» Alors elle a dit: «Eh bien voilà, tu as trouvé ta vocation!». J’ai suivi son conseil et me suis orientée vers des études d’architecture d’intérieur. Le gâteau est venu beaucoup plus tard, par accident…
Vraiment? Quelle est donc la passerelle entre les deux?
C’est un ami qui m’a demandé de réaliser un gâteau pour une soirée. Je venais de quitter New York pour m’installer à Barcelone. Du coup, j’ai préparé un gros gâteau à la crème, très américain, qui a eu un énorme succès. Au point qu’on m’en a demandé d’autres! Je me suis dit qu’il y avait un business à monter… Le gâteau est un support qui mêle tout ce que j’aime: le graphisme, le volume, le design, et les couleurs.
Peut-être y trouvez-vous une forme de plaisir régressif?
Sûrement, oui! En tout cas, c’est plus rapide, moins administratif et ça fait plaisir autour de soi. Quand vous faites un gâteau qui rend les gens heureux, c’est extrêmement gratifiant. Un jour, une dame m’a commandé une pièce pour l’anniversaire de sa fille. Quand je l’ai livrée, la jeune femme est partie en courant. Je me suis demandé où était le problème, jusqu’à ce que je comprenne qu’elle était partie se cacher pour déverser son émotion. C’est le plus beau cadeau qu’elle pouvait me faire. Et je ne vous parle même pas du regard des enfants lorsqu’ils découvrent leur doudou en pâte à sucre, c’est carrément magique!
Ce n’est pas un peu frustrant de voir ses créations englouties en quelques cuillères?
Je souffre en silence… Mais ne me demandez surtout pas de les couper, c’est un crève-coeur!
Comment concevez-vous vos décors?
Il y a trois façons de travailler. Sur photo, que je n’ai plus qu’à copier. Sur une idée, que je vais interpréter ou, dernier cas de figure, en toute liberté! Quand j’ai carte blanche, je laisse libre cours à mon imagination, mais chaque gâteau est un challenge. D’autant qu’il doit être aussi bon que beau! J’ai beaucoup travaillé les recettes pour les mettre au goût européen. Les créations sont extrêmement légères et nettement moins sucrées que le traditionnel cupcake américain.
Quelle histoire se cache derrière votre label Pastel Voilà?
Quand l’idée est venue de réaliser des gâteaux artistiques, j’étais en Espagne, d’où le nom «Pastel» qui veut dire gâteau. Quant au «voilà», c’est un tic verbal puisque chaque fois que j’apporte un gâteau, je dis toujours «Voilà, voilàààà!»
1999: Débarque à New York. «Je me suis découverte là-bas, avec le sentiment d’être considérée non plus comme une looseuse, mais comme une artiste!»
2006: Réalise son premier gâteau. «Je me surprends moi-même et l’idée de Pastel Voilà se dessine…»
2014: Se débarrasse de ce qui l’encombre. «Je rencontre mon âme soeur dans la foulée!»
2015: Ouverture de la boutique Pastel Voilà. «Je passe vraiment à la vitesse supérieure pour répondre aux demandes.»
2018: Ouvre une boutique à Dubaï. «Mon rêve! Et si vous me demandez pourquoi Dubaï, je vous répondrai parce que c’est le lieu de la démesure!»
www.pastelvoila.com