Le bain de nature, un bienfait pour la santé

S’immerger en conscience dans un espace naturel, voici en quoi consiste le «shinrin-yoku» ou bain de forêt. Objectif de cette pratique venue du Japon: se libérer du stress et de l’anxiété en se reliant aux images, sons, odeurs et sensations de la nature. Inclus dans le programme de santé nippon depuis 1982, ces bains de forêt ou de nature connaissent un intérêt grandissant en Europe depuis quelques années.

Le projet Kashapona, soutenu par la Loterie Romande et lauréat du Grand Prix Migros, entend en proposer une approche holistique, portée par une base scientifique.  

Témoignages croisés : Expérience personnelle et expertise scientifique

Pour mieux comprendre les bienfaits des bains dendeux perspectives complémentaires se rencontrent : d’un côté, l’expérience personnelle et la vision holistique de Nadja Imhof, fondatrice du projet Kashapona, et de l’autre, l’expertise scientifique du Dr Mathieu Saubade, médecin et chercheur.

NADJA IMHOF, fondatrice du projet Kashapona

C’est dans le contexte de déconnexion de la nature imposé par la pandémie qu’est née l’idée de Kashapona. À l’époque, je vivais au Portugal et malgré la politique très restrictive du pays, j’allais régulièrement me balader en forêt. Les effets bénéfiques de ces escapades m’ont semblé évidents, et cette intuition a constitué le point de départ du projet. J’ai découvert le concept de «shinrin-yoku», et me suis ensuite rapidement formée en tant que guide de bains de forêt pour accompagner des groupes en Suisse et au Portugal.

Pratique de bain de nature avec Kashapona pour se reconnecter et se relaxer.
©KASHAPONA

Avec Kashapona, il s’agit pour moi de proposer une approche simple et accessible à toutes et tous de la pratique, afin de faciliter une immersion dans la nature au sens large – également en ville! Je suis partie de principes de base de la sylvothérapie, notamment les indications de l’expert japonais, le Dr Qin Li, et des enseignements de l’école FTHub, de laquelle j’ai été certifiée. Puis avec une équipe, j’ai progressivement défini une méthode propre.

Un bain de nature se fait à un rythme très lent. L’objectif consiste à permettre aux participants de porter une attention curieuse à tous les éléments sensibles qui les entourent, et une pleine reconnexion à la nature au travers de moments méditatifs, de missions de conversion à l’environnement et d’exercices d’observation. Ancrer le projet dans une démarche scientifique a été une priorité afin d’éviter toute dérive. La collaboration avec la chercheuse en écopsychologie Karine Silva (Porto) et le Dr Mathieu Saubade, médecin au CHUV et chercheur, est ainsi essentielle afin de mieux comprendre les effets d’une telle expérience sur la santé physique et mentale.

Pratique de bain de nature avec Kashapona pour se reconnecter et se relaxer.
©KASHAPONA

Kashapona propose ponctuellement des expériences en groupe, mais sa particularité est d’offrir via sa plateforme une collection de guides audio. Destinée à s’agrandir progressivement, la série comprendra des bains de nature axés sur des objectifs de santé, et d’autres dédiés à certains parcs au cœur de villes de Suisse romande. Le but consiste à ce que la population urbaine notamment puisse se plonger facilement dans la pratique de façon indépendante, à proximité de chez elle.

MATHIEU SAUBADE, médecin rééducateur et médecin du sport au CHUV et à Unisanté, chercheur et coresponsable d’une étude sur la sylvothérapie à Unisanté

C’est à la suite de l’étude BEFIT sur les effets des bains de forêt sur la santé, étude que j’ai codirigée à Unisanté en collaboration avec le Parc naturel du Jorat à Lausanne, que Nadja Imhof m’a contacté. Le projet Kashapona combine plusieurs aspects que je trouve très intéressants. D’une part, partir d’une base scientifique afin de développer une pratique spécifique du shinrin-yoku – également pensée pour un public urbain au travers de guides audio – permet de l’inscrire dans une démarche globale de prévention et de promotion de la santé.

La recherche n’en est encore qu’à ses balbutiements, mais il est néanmoins avéré que les bains de nature ont des effets psychologiques positifs : ils encouragent à la relaxation, diminuent l’anxiété, et aident à lutter contre la dépression. Et ce, même dans un environnement périurbain comme un parc, par exemple. Certaines études ont aussi montré des bénéfices de ces immersions sur l’hypertension artérielle. Au Japon, mais aussi en Corée du Sud, en Chine et au Canada depuis 2020, les médecins n’hésitent plus à prescrire des bains de nature à leurs patients.

En Suisse, et bien que la Confédération promeuve la pratique sur le site de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), cette approche reste marginale dans le domaine médical, et dépend de l’intérêt personnel du médecin pour le sujet. D’autre part, l’idée de créer des guides audio permet non seulement d’orienter les gens dans leur pratique grâce à des techniques précises, mais constitue aussi une formidable opportunité de transmettre un savoir, des informations.

Notre but consiste à proposer des contenus de qualité sur les bains de nature et des thématiques liées comme la relaxation, la pression artérielle ou le sommeil, par exemple. Se balader dans la nature tout en apprenant de nouvelles choses : voici à mon sens toute la force du projet.


Côté pratique : Un bain de nature, comment ?

Chaque bain de nature Kashapona suit un script basé sur une méthodologie scientifique : ralentir, se connecter à la nature, explorer vos sensations, et noter vos ressentis. L’expérience est guidée par des audioguides disponibles sur www.kashapona.org. Des sessions en groupe sont possibles sur demande : we@go-wild.world ou www.go-wild.world

À emporter :

  • Smartphone chargé (avec chargeur externe) et audioguides téléchargés
  • Écouteurs ou haut-parleur portatif
  • Carnet de notes et stylo
  • Eau, anti-tiques, crème solaire (selon la météo)

À porter :

  • Vêtements et chaussures confortables
  • Chapeau ou casquette (selon la météo)

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