Depuis 2008, à Neuchâtel, «Un jour sans faim» vient en aide aux personnes qui vivent dans la précarité. L’association distribue de la nourriture en provenance d’invendus et contribue ainsi à réduire le gaspillage alimentaire. Aux manettes, deux amies très investies, bien décidées à faire évoluer les mentalités. La Loterie Romande soutient leur action.
JEANIE SANTANA SOUZA, coordinatrice
J’ai grandi dans une famille qui vivait dans des conditions difficiles. Plus tard, j’ai été une maman célibataire avec quatre enfants. Je sais ce que c’est d’être seule, sans aide et de ne pas avoir assez pour nourrir ses enfants. Cette association me tient à cœur. J’ai commencé à m’y engager comme bénévole. Puis avec Yolande, nous en avons pris la gestion et l’avons faite évoluer. Au départ, nous aidions une dizaine de familles. La demande était bien plus grande et nous avons démarché de nouveaux partenaires. Aujourd’hui, nous accompagnons cent vingt familles. On connaît les histoires des uns et des autres. Ce lien humain est très important. D’ailleurs, on suit quelques-unes des familles depuis plusieurs années et certains bénéficiaires sont devenus bénévoles. Cette association est un peu comme notre bébé. On y pense tout le temps, on en rêve même. Nous sommes toujours à la re- cherche de dons matériels ou financiers. N’hésitez pas, pensez à nous!
YOLANDE LIECHTI, coordinatrice
J’avais envie de créer une activité et d’être utile. J’ai débuté avec un 10% mais très vite, j’ai dû démissionner de mon travail principal pour me consacrer à l’association. La difficulté est surtout logistique: il faut suivre au niveau de la récupération des invendus, du stockage, de la confection des colis de denrées. Avec la pandémie, nous avons reçu des stocks en grande quantité de la part de nouveaux fournisseurs, on a dû se réorganiser pour les entreposer. En fait, notre travail change sans cesse, il n’y a pas de monotonie: on s’adapte aux arrivages de marchandise, aux nouveaux partenaires, aux nouveaux bénéficiaires. Une dizaine de personnes en contrat de réinsertion et une trentaine de bénévoles nous épaulent. Et en 2019, nous avons créé le «café-boulangerie + 1» pour nous aider à financer notre activité. Malheureusement, la situation sanitaire est venue tout compliquer. Enfin, la solidarité se met en place. Nous faisons partie d’une chaîne de soutien, c’est valorisant.
“Depuis le début de la pandémie, je n’ai plus de revenus suffisants pour arriver à me nourrir. On est bien obligé de demander de l’aide, même si l’on n’en a pas trop envie!”
VICTOR, étudiant
Je suis en 3e année de Bachelor. Je travaillais comme serveur dans un restaurant mais depuis le début de la pandémie, je n’ai plus de revenus suffisants pour arriver à me nourrir. On est bien obligé de demander de l’aide, même si l’on n’en a pas trop envie. Via Facebook, j’ai pris contact et expliqué ma situation. J’ai pu passer chercher mon premier sac deux jours plus tard. J’y vais une fois par semaine. Ce qui est sympa, c’est que ce sont des invendus de magasins, ça permet d’éviter le gaspillage. Puis les coordinatrices font le maximum pour qu’on se sente bien et qu’on n’ait pas honte d’être là. Aujourd’hui, je m’accroche à l’objectif du Bachelor et ne plus avoir à me préoccuper de ma nourriture me permet de souffler un peu.
Toutes les informations sur: unjoursansfaim.ch
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