Culture Livres #25

Humour et dénonciation, défi et sagesse
En cette période hivernale un peu morne, les livres se chargent de brasser les idées et d’ouvrir les horizons!


La Carpe
Léo est autiste et il le sait. Alors qu’il ne peut dire que oui ou non, l’adolescent entretient un monologue intérieur lucide et d’une grande richesse. Or, Léo découvre une façon de pulvériser les limites de son esprit anarchique et de pénétrer un mystérieux monde parallèle, fait de sérénité et de beauté, mais aussi de défis – et de progrès! Un air de Star Wars ou de Seigneur des Anneaux donne son attrait à ce roman original, audacieux et touchant, écrit par le père d’un jeune autiste pour essayer d’imaginer ce qui pourrait aider son fils à s’épanouir…
De Pascal Jarnieu, Amalthée, 2016, CHF 25.–

Chaleur
Pour être hot, c’est hot: si le sauna intensif est le fil rouge de ce roman surprenant, les variations sexy et la pression d’une compétition hors norme chauffent également l’ambiance! La rivalité entre deux as du bain de vapeur à outrance se fait parodie ironique de la Guerre froide, tandis que le duel de ces «surhommes» semble bien entre les mains des femmes… Sur cette intrigue de western au style haché, haletant (la chaleur, peutêtre?), se plaquent une réflexion cruelle sur l’ego et l’absurde, des éclats de braise, d’insolites envolées poétiques. Du très bon Incardona!
De Joseph Incardona, Finitude, 2017, CHF 21.70

La Tête dans le sable
Après deux délicats recueils de poésie, Catherine Fuchs trempe sa plume dans le vitriol pour un roman coup de poing, coup de sang, coup de gueule contre l’habitude très helvétique de transformer la bonne conscience en indifférence aux malheurs du monde. Ceux que causent, par exemple, les multinationales aux pays pauvres dont elles exploitent les richesses, comme l’ONG de Carmen Berger tente de le faire savoir, intrépide petit David contre un si riche Goliath… Avec mesure mais une implacable rigueur, l’auteure décape hypocrisies et abus de pouvoir sur un rythme soutenu!
De Catherine Fuchs, éd. Bernard Campiche, 2016, CHF 30.–

Fin de trêve
Bien que jeune encore, Werner Rohner capte avec une subtilité de vieux sage ce qui fait la valeur des expériences de la vie, en particulier la mémoire. Alors que sa mère disparaît, condamnée par un cancer, se pose pour ce caméraman habitué à tout enregistrer la question du souvenir, si précis, si impalpable, et de sa conservation. La résignation, qui se dessine peu à peu, à la perte des images et des voix, a la tristesse d’un échec, mais aussi le poids rassurant d’une confirmation: ainsi en vat- il pour chacun, et l’amour n’y change rien. Une traduction très fine donne tout son poids à ce très beau roman.
De Werner Rohner, L’Aire, 2016, CHF 27.–

Les tops 5 essentiels à votre culture
Cheville ouvrière de l’émission Pantagruel sur RTS1, Lucas Thorens a réuni un florilège à la fois érudit, surprenant et drôle de connaissances aux thèmes pour le moins variés. Rien à voir avec les listes classiques, genre «merveilles du monde», ces classements-là sont beaucoup plus insolites, et le ton de leur présentation plus impertinent! Mais, tout potache que paraisse l’humour de l’entreprise, les données sont exactes, et les anecdotes explicatives soigneusement recherchées: preuve qu’on peut s’instruire en riant – et inversement!
De Lucas Thorens, Favre, 2016, CHF 28.–


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