Grossesse et maternité ne sont pas toujours des havres de félicité, il faut en parler. Fondée en 2017 à Fribourg par Mélanie Huguenot-Morand, psychologue et maman, l’association Au coeur des mamans propose suivis individuels et espaces de partage aux femmes qui traversent des difficultés liées à la périnatalité. Conception médicalement assistée, blues post-partum, deuil périnatal, rien n’est tabou. La Loterie Romande soutient cet engagement.
FARAH MEURY,
membre du comité, maman d’un enfant de 6 mois
Il y a dix ans, avec mon conjoint, nous avons décidé d’avoir un enfant et nous avons eu recours à la PMA. Je me suis vite rendue compte qu’on ne s’intéressait qu’à mon utérus. On m’expliquait mes cycles, mes ovaires, mes hormones et je rentrais avec des injections et mille choses qui mettaient à mal ma santé, mon moral, mon couple. On ne traitait que mon désir d’enfant. Je me sentais seule. En 2016, je suis tombée enceinte de jumeaux. Nés prématurément, ils ont vécu quelques heures. Nouveau coup dur de la vie après six ans de bataille, et là, je tombe sur l’association. Je voulais qu’il sorte du beau de mon vécu, qu’il profite à d’autres, alors j’ai écrit un mail de quatre pages sur mon expérience, ma vision des choses. Aujourd’hui, j’anime les groupes de soutien en difficultés de conception: assistante médicale, j’ai une légitimité puisque je suis passée par toutes les étapes. Je coanime aussi, avec une psychologue, les groupes de paroles autour du deuil périnatal, où encore, je m’appuie sur mon expérience. J’ai de l’espoir à donner: après dix ans, ça marche! Je crois à la sensibilisation. Rien n’est tabou, des femmes font des fausses couches tous les jours, on le surmonte. Il faut en parler, chercher du soutien, surtout ne pas rester seule. Appartenir à un groupe de femmes au vécu émotionnel commun est très important. Une sororité se crée. On n’oublie pas pour autant papas et futurs papas auxquels cet automne, pour aborder la thématique du couple, nous ouvrons nos soirées de paroles.
JENNIFER,
maman d’une enfant de 8 mois
J’ai participé à deux groupes de soutien sur les difficultés de conception car pour avoir ma petite fille, j’ai attendu quatre ans. Passer par la fécondation in vitro est difficile. J’étais tellement mal, je ne voyais pas de solution. Je me sentais seule et je cherchais des femmes au même vécu que moi. J’avais besoin de vider mon sac ailleurs qu’auprès de mon mari qui a beaucoup pris de mes pleurs, de mes colères. Etre avec des femmes m’a fait du bien. Dans cette association, j’ai rencontré des femmes exceptionnelles, bienveillantes, à l’écoute. Elles m’ont transmis, en plus de leurs expériences, des exercices pour canaliser mes émotions et de la confiance. C’est un moment de partage, d’échange, on crée des liens forts. Pourtant franchir le pas n’a pas été simple, je craignais de rencontrer quelqu’un que je connaissais parmi les participantes. Le regard des autres était ma principale angoisse. Leur jugement me paralysait: «La pauvre, elle n’arrive pas à tomber enceinte…» Une fois le pas franchi, je me suis demandé pourquoi je ne l’avais pas fait plus tôt. Aujourd’hui, j’aimerais à mon tour être là pour celles qui vivent ce parcours, apporter mon petit caillou, mon expérience. Je voudrais m’impliquer. Peutêtre est-il temps de briser mon tabou personnel. Recourir à une aide médicale pour avoir un enfant, c’est la vie!
Toutes les informations sur: www.aucoeurdesmamans.ch