Vivre mieux avec moins, alléger ses placards, réduire ses déchets sans se priver: c’est bon pour soi et la planète! Clés, récits, astuces… Pour mieux comprendre et adopter cet art de vivre (vraiment) durable.
Plus légers et… heu-reux!
Dans la lignée de Francine Jay, qui a tiré de son blog «Miss Minimalist» un best-seller, Le bonheur est dans le peu (éd. First, traduit dans 18 pays), le nouveau minimalisme, ou l’art de se délester de tout ce qui nous encombre, fait recette. Et tisse sa toile en mode zen japonais ou lagom scandinave, le «juste ce qu’il faut» suédois, incarné par l’élégant blog de Niki Brantmark, myscandinavianhome.com «Pas de fioriture, pas d’accumulation. Les Suédois ont en commun avec les Japonais de plaider pour une maison délestée de ses objets inutiles (…) où chaque objet et chaque meuble comptent vraiment», explique Marie Thoumieux dans Le livre du lagom (éd. First). Loin d’être une simple méthode de tri pour modeuse ou encore décorista débordées, le phénomène traduit notre aspiration profonde à une vie plus économe et écolo. Alimentation, cosméto, vêtements, jouets, équipements, loisirs… «Nous sommes tous des consommateurs, qu’on le veuille ou non, mais nous avons le pouvoir de changer les choses, même si tout nous pousse à croire le contraire», encouragent Herveline Verbeken et Marie Lefèvre, mères de famille, bloggeuses1 , coauteurs de J’arrête de surconsommer (éd. Eyrolles).
Le minimalisme, nouvel art de vivre d’utilité publique?
En réaction «à notre société de surabondance et du tout-jetable, s’alléger pour gagner en flexibilité devient une nécessité dans un monde incertain et insécurisant», décrypte Vincent Grégoire, «chasseur» de tendances au cabinet NellyRodi: «On mise sur les valeurs humaines de partage des biens et de troc. Loin d’être une lubie de «bobo», s’interroger sur sa manière de consommer permet aussi de se reconnecter à ses besoins véritables», analyse Thomas Siceaux, auteur de Ciao bazar (éd. Le Courrier du Livre): «Consommer un produit nous lie à toutes les étapes nécessaires à sa réalisation: de la récolte des matières premières, sa fabrication, son emballage, son acheminement jusqu’à la gestion des déchets générés en bout et tout au long de la chaîne.» Et il y a réellement urgence à les réduire! Sur 8,3 milliards de tonnes de plastique produits dans le monde depuis 19502, 6,3 milliards sont devenus des déchets, dont 9% ont été recyclés, 12% incinérés et 79% lâchés dans des décharges ou la nature. Et même si la lutte s’organise, il faut se rappeler que le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas. C’est en tout cas l’avis de Jérémie Pichon et Bénédicte Moret qui relèvent le défi en famille sur leur drolatique blog famillezerodechet.com et dans un guide (presque) éponyme (éd. Thierry Souccar). Car qui a dit que le minimalisme doit être triste, culpabilisant, version dénuement et retour à la bougie? Pas ceux qui le vivent au quotidien (lire nos témoignages)! Plus économique, plus sain, plus ludique – en achetant local et de saison, en cuisinant, en famille, en créant ses élixirs de beauté ou ménagers, en upcyclant sa déco… ce mode de vie rend plus heureux! C’est ce que constate l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), qui a suivi 12 foyers engagés à réduire leurs déchets3 et dont le bilan tord le cou aux idées reçues. Leur point commun? Un plus haut niveau de bonheur. Leur recette: moins de shopping, de rangement et de gâchis, plus de liberté et de plaisirs partagés. «Le bonheur ne se consomme pas, conclut Herveline Verbeken, il se vit»… Chiche?
Les trucs de «pros» pour s’alléger malin
Imiter les commissaires d’expo qui sélectionnent les oeuvres dans une salle vide: c’est plus facile de faire le tri quand on se concentre sur ce qu’on garde et non sur ce qu’on va jeter. Et voir des objets ou meubles hors de leur cadre habituel aide à s’en débarrasser. Adopter la méthode bisou d’Herveline Verbeken et de Marie Lefèvre, qui animent un groupe Facebook «gestion budgétaire, entraide et minimalisme». Avant chaque achat, on détaille chaque lettre du mot: en ai-je besoin? Immédiatement? N’ai-je pas déjà quelque chose de semblable? Quelle est l’origine de ce produit? Cet objet me sera-t-il utile? Se créer une garde-robe capsule avec un nombre défini de hauts, pantalons, robes… qui se coordonnent tous. Objectif: éviter de se demander chaque jour ce qu’on va mettre devant un placard qui déborde et en finir avec les fringues qui ne vont avec rien! Se lancer des petits défis comme la Famille presque zéro déchet, on organise un apéro sans rien acheter: à bas les sachets de chips, vive le fait maison (houmous, rillettes de thon ou caviar d’aubergine, bâtons de carottes, cake aux courgettes/menthe/feta… ). On peut aussi préparer une fête sans vaisselle jetable ou, autre défi, refuser systématiquement tout sac plastique…
Ma vie minimaliste: 3 (bonnes) raisons pour se lancer
On fait des économies. Acheter en vrac (sans emballages inutiles) revient moins cher au kilo (liste des magasins en page 24). On se libère des injonctions du marketing. En évitant d’acheter n’importe quoi n’importe quand, on vérifie ses stocks alimentaires pour doper sa créativité avec de nouvelles recettes zéro gaspi. On revisite son dressing pour redécouvrir ses basiques ou customiser sa garde-robe. On upcycle sa déco, gratifiant et ludique: recettes et DIY sur myslowlife.fr, conseils, patrons et kits couture sur iampatterns.fr et louisantoinette.com.On se régale! Avec des produits locaux et de saison, quitte à faire des bocaux ou à mettre au congélo ses péchés mignons pour les avoir sous la main toute l’année sans faire bondir notre empreinte carbone.
Agnès, 50 ans, mariée, une fille de 18 ans, écrivain* et créatrice de Marseille Vert (société de communication green) «Ce matin, j’ai délesté (un peu plus) mon armoire de produits ménagers. Objectif: garder uniquement savon de Marseille, vinaigre blanc et bicarbonate de soude. J’épure au max. Pareil pour mon dressing ou ma salle de bains encombrée. Je trie en deux tas: «j’aime»/«je m’en fous». J’ai pu ainsi éclaircir les rayons de mon immense bibliothèque. Je ne me rendais pas compte à quel point ce surplus me polluait la tête. Le déclic? La création en 2015 de Marseille Vert (qui soutient les initiatives en faveur de l’environnement) et ma rencontre avec Bea Johnson, la spécialiste du Zéro Déchet. Je me suis rendu compte que j’étais victime du marketing, faisais des achats inutiles au supermarché ou rapportais des chaînes de mode quatre fois le même tee-shirt pas cher. Aujourd’hui, pour le même prix, je n’en achète qu’un, mais 100% coton et made in France. Au fil des mois, je suis arrivée à l’essentiel. Mon mari? Il râle mais se rend compte du bien-être que ça procure. Il ne faut pas croire que le minimaliste soit triste. Au contraire! Avoir uniquement de beaux objets, mis en valeur, dont on peut profiter en un coup d’oeil, c’est joyeux et libérateur.» M. L. M.
* Auteur notamment de «Change», Agnès Olive (éd. Edilivre)
Gaëlle, 37 ans, en couple, aide à domicile «Pendant des années, j’ai accumulé «les merdouilles». Je compensais le vide de mon compte en banque en remplissant ma maison. Quand j’ai commencé à mieux gagner ma vie il y a cinq ans, j’ai fait des razzias. J’avais besoin de montrer ce que je «valais». Jusqu’à ce que je tombe sur mon relevé bancaire six mois plus tard: j’avais dépensé 1500 € en n’importe quoi. J’ai alors décidé de privilégier la qualité. Quitte à «claquer», autant que ce soit dans le durable! Parallèlement, j’ai donné toutes les choses dont je n’avais plus l’utilité à mes proches, à Emmaüs et, depuis septembre, à des Geevers*. Le principe? On poste sur l’application Geev* un objet «à adopter» et, en un clic, il trouve preneur. Je viens d’offrir, par exemple, un ensemble noir à une Geeveuse qui en avait fait la demande pour son boulot. Mes dons correspondent à un besoin, c’est ce qui me motive à me séparer des affaires que j’aime. Je participe également à des vide-coffres depuis cet été. On remplit le coffre de sa voiture avec ce qu’on veut donner et les Geevers se servent au rendez-vous fixé. J’ai épuré mon appart’ et j’ai fait des émules parmi mes clientes. Valises, livres, vêtements, à toutes celles qui éprouvent le besoin de jeter, je trouve un repreneur. Tout se recycle! M. L. M.
* Application Geev sur l’App Store ou Google Play
JE LE FAIS MOI-MÊME!
Deux produits «100% nature» faciles à faire, proposés par MARIE-FRANCE FARRÉ, auteure du livre «Labo zéro conso» (éd. Eyrolles).
NETTOYANT POUR VITRES
Pour un flacon-spray de 500 ml Verser 2 cs de vodka, 2 cs de vinaigre blanc, 1 cs de fécule de maïs, 400 ml d’eau, 8 gouttes d’huiles essentielles de citron zeste dans le flacon-spray. Bien fermer le bouchon, agiter. Vaporiser sur les vitres ou miroirs, puis frotter avec un chiffon doux propre, en mouvements circulaires. A noter: le flacon, à agiter avant chaque utilisation, se conserve plusieurs mois à l’abri de la chaleur et de la lumière. L’astuce en + L’effet abrasif de la fécule de maïs facilite le nettoyage des taches tenaces. On s’en passe si les vitres ne sont pas très sales et pour nettoyer les écrans d’ordinateur et de TV (vaporiser directement sur le chiffon). On peut nettoyer ses lunettes avec la préparation, en supprimant les huiles essentielles.
DÉODORANT LIQUIDE
Pour un pot de 200 ml Faire fondre 50 g d’huile de noix de coco, si besoin au bain-marie dans un saladier résistant à la chaleur. Hors du feu, ajouter 40 g de fécule de maïs ou d’arrow-root, 65 g de bicarbonate de soude alimentaire, 10 gouttes d’huile essentielle de menthe poivrée ou de palmarosa, 10 gouttes d’huile essentielle de lavande, d’eucalyptus radié ou de tea tree. Remuer jusqu’à l’obtention d’une pâte lisse. Verser dans un pot en verre. L’astuce en + L’huile de coco durcit au-dessous de 24 °C. Déposer le déo près d’un radiateur lui redonne son aspect liquide. En cas d’intolérance, remplacer le bicarbonate par de l’argile blanche en poudre. Pour un effet antitranspirant renforcé, utiliser de l’huile essentielle de sauge sclarée et de palmarosa (même dosage, 10 gouttes de chacune).
Nos bonnes adresses
www.chezmamiebiovrac.com
carodvo.wixsite.com/naturellementvrac
www.lacagette.bio
www.atoutvrac.com
labrouette.ch
www.bokoloko.ch
www.zerowasteswitzerland.ch
veggieromandie.ch/tag/zero-dechet/
www.diygeneva.ch