Sensibiliser les enfants aux métiers du digital

La Fondation Pacte œuvre à la promotion de l’égalité des chances et de la mixité dès le plus jeune âge.

Outre ses actions dans les entreprises, elle propose des ateliers dans les écoles primaires. À partir de films réalisés par Pacte, les élèves sont invités à réfléchir notamment à la place des filles dans les métiers technologiques. Soutenue par la Loterie Romande, la dernière série de courts-métrages «Les aventures robotiques avec Ezya» raconte le parcours de roboticiennes, développeuses ou encore spécialistes en cybersécurité.

FRANÇOISE PIRON, fondatrice et directrice de la Fondation Pacte

Petite, j’aurais aimé que l’on m’explique comment on devient ingénieure. Le premier jour de mes études en génie civil à l’EPFL, je me suis retrouvée seule, parmi 60 garçons. J’ai vite compris qu’entrer dans ce milieu en tant que femme n’allait pas être simple. Après mon diplôme, j’ai travaillé durant cinq ans en tant qu’ingénieure. Là encore, j’étais la seule femme sur le terrain. L’expérience s’est mal terminée, puisqu’on m’a mise au placard à mon retour de congé maternité. Voyant à quel point il était difficile pour une femme d’exercer ce métier, j’ai décidé d’agir. Avant de reprendre le Mouvement Pacte en 2002 – qui deviendra une Fondation en 2017 –, j’ai créé l’Association Suisse des Femmes Ingénieurs (ASFI), le pendant romand du SVIN. J’ai aussi été la première déléguée au bureau de l’égalité de l’EPFL.

Dans ce cadre, ma mission consistait notamment à attirer plus de filles au sein de l’institution. J’ai donc lancé un projet de livre, avec douze portraits d’étudiantes, chercheuses et professeures en ingénierie. L’objectif était de raconter leurs parcours, en mettant l’accent sur l’image, avec de belles photos les montrant passionnées par leur domaine, mais aussi sportives, mamans, capables de concilier vie professionnelle et privée. Presque trente ans après, les filières technologiques manquent toujours de filles. «Les aventures robotiques avec Ezya» font écho à ce premier livre: un robot du nom d’Ezya va à la rencontre de scientifiques, et s’intéresse à leurs parcours. Contrairement au papier, la vidéo renferme une puissance supplémentaire. Elle permet de raconter une histoire en quelques minutes, de faire passer des émotions et de se projeter d’autant plus facilement. Ce format facilite la compréhension du sujet, ainsi que les discussions menées en classe lors des ateliers. La série pourra également être visionnée par le grand public dans différentes villes de Suisse romande (voir encadré).

JAD MAKKI, réalisateur

J’ai rejoint la Fondation Pacte en 2019. Après deux mini-séries de fiction réalisées sur les thèmes du Vivre ensemble et de «La robotique en tous genres», Françoise souhaitait réaliser des portraits de femmes travaillant dans des métiers techniques afin que les enfants puissent s’identifier à ces modèles. Elle a trouvé les protagonistes, et j’ai ensuite imaginé le concept. Plutôt qu’une vidéo conventionnelle, j’ai eu envie d’imaginer une vraie mise en scène et une narration. J’essaie toujours d’apporter une plus-value en tant qu’auteur et réalisateur pour tous les films que nous produisons au sein de la fondation. Le fait qu’ils soient destinés à être diffusés dans des classes du primaire ne doit en aucun empêcher certaines ambitions artistiques, ni la qualité. Au contraire, c’est en cela que nos séries se distinguent.

Pour «Les aventures robotiques avec Ezya», j’ai décidé de partir du point de vue du robot: Ezya suit cinq professionnelles dans des tâches propres à leurs métiers, tout en leur posant des questions sur leurs parcours. Ce format de dialogues permet de rendre les vidéos d’autant plus ludiques et engageantes dans la mesure où chaque protagoniste s’adresse directement à la caméra. De trois à quatre minutes, les cinq capsules servent de point de départ aux discussions que Françoise engage ensuite avec les élèves. Il y a quelques semaines, j’ai eu la chance d’être présent lors d’un de ces ateliers en classe. C’est extrêmement gratifiant de voir les enfants regarder votre travail, de constater qu’ils comprennent et retiennent le message que vous avez voulu faire passer.