Interview recto/verso : Jean-Luc Bideau

L’oeil malicieux et une énergie débordante… A 78 ans, Jean-Luc Bideau en a encore sous le capot! A peine a-t-il fini de tourner Tambour battant sous la direction de François-Christophe Marzal qu’il prépare déjà son prochain film. D’ici là, c’est au théâtre lausannois de la Grange de Dorigny* que l’on retrouvera le comédien, le 12 et le 19 novembre, avec des lectures de Komensky…

Le rôle que vous auriez aimé jouer?
Le roi Lear. Je crois que c’est le plus beau rôle d’un homme et une des plus belles tragédies de Shakespeare.
Celui que vous n’auriez pas dû accepter?
J’ai toujours tout accepté!

Le don que vous aimeriez avoir?
Plus de mémoire! Je n’arrive pas à me concentrer sur le sens d’un texte. J’apprends d’abord par coeur, comme à l’école, et petit à petit, je me libère du texte pour arriver au sens. C’est juste par peur de ne pas savoir le texte. C’est complètement tordu et scandaleux de ma part!
Celui que vous avez acquis à force de travail?
Tous, je crois. Le seul don que j’ai, c’est d’avoir une tronche!

Le meilleur conseil qu’on vous ait donné?
Arrête de faire ton numéro! Je fais toujours le con, ce qui énerve ma femme. Elle me dit d’arrêter de faire l’idiot pour être plus simple et me respecter.
Celui que vous avez refusé de suivre?
Le même parce que c’est plus fort que moi! C’est tellement marrant de parler aux gens de n’importe quoi, de leur chien, de leurs chaussures… J’aime bien regarder les chaussures des gens. Par exemple, j’ai remarqué que les mecs un peu puants portent souvent des chaussures à gland!

Ce qui vous fait lever du bon pied?
Ne pas avoir trop d’arthrose. A mon âge, c’est l’horreur!
Ce qui peut pourrir votre journée?
Ne pas me cultiver. Je tiens un journal depuis dix ans. Si, après l’avoir écrit, je ne me plonge pas dans un livre, j’ai honte.

Le genre d’enfant que vous étiez?
Très mal dans ma peau. Ma mère s’est cassée, mon père n’était jamais là, donc je faisais toujours l’idiot pour cacher ce mal-être.
L’adulte que vous rêviez d’être? Un médecin-philosophe!

L’objet dont vous ne pouvez pas vous passer?
Un coussin que j’emmène partout. Il est si vieux qu’il m’épouse parfaitement.
Celui qui vous encombre?
Mon porte-clés. Il ne faut jamais l’oublier et, en plus, il détruit mes poches!

Votre plus gros mensonge?
En réalité, je mens tout le temps pour éviter d’être acculé et éviter les reproches.
La vérité que vous n’auriez pas dû dire?
Je répétais un spectacle à Bobigny et j’ai dit à un autre comédien qui avait de la peine: «Est-ce que tu vas y arriver?» C’était affreux de dire ça, parce que ça ne servait à rien, à part le faire douter davantage!

La chose la plus dingue que vous ayez faite?
Un semi-marathon Morat-Fribourg, sans entraînement! Je n’ai pas pu monter d’escaliers les 5 jours qui ont suivi!
Ce que la raison vous a dicté de plus sérieux?
Renoncer à faire des études de médecine alors que c’était mon rêve! Je n’étais ni bosseur, ni logique, et trop déconneur pour y arriver. Quelque chose me disait que le combat était perdu d’avance…

Ce que vous préférez chez vous?
L’intérêt et l’ouverture que je porte aux autres.
Ce que vous aimeriez changer?
J’aimerais être plus sérieux, ça me permettrait d’avoir une meilleure écoute des gens. En faisant le con tout le temps, je dévie de la réalité et de la profondeur des êtres.


* www.grangededorigny.ch