Interview recto / verso : Phanee de Pool

Fanny Diercksen alias Phanee de Pool, c’est d’abord une voix! Pure et cristalline. Ce sont aussi des mots qui claquent et s’entrechoquent en rythme. L’ancienne fliquette biennoise joue avec des textes denses, poétiques, drôles, espiègles, émouvants qu’elle «slap*» à tout-va! Après le succès de son premier album, Hologramme, la chanteuse actuellement en tournée est visible sur les scènes suisses et françaises jusqu’à la fin de l’année et la sortie de son prochain album…

Les mots que vous aimez entendre?
Plastique, Rubik’s Cube, Elastique, ceux qui se terminent par -ique, -oque, -uque. Tous les mots qui ont du rythme! A titre personnel, je dirais les mots qui viennent après une émotion, les mots sincères, doux et taquins… j’aime bien quand on me charrie!
Ceux qu’il ne faut pas vous dire?
Les mots blessants vis-à-vis des gens que j’aime. J’ai aussi des blocages. Par exemple, si j’entends Bataclan, je n’associe plus le mot à une salle de concert, mais à un lieu de massacre. Je n’aime pas non plus les mots en lien avec les choses à gérer tous les jours: impôts, ménage, lessive…

Ce qui vous fait lever du bon pied?
Pouvoir me lever quand je veux, même si je ne me réveille jamais très tard.
Ce qui peut pourrir votre journée?
La sonnerie d’un réveil! Ça me rend vraiment grinche…

Le meilleur conseil qu’on vous ait donné?
Prendre les applaudissements. Avant, j’avais l’impression qu’il ne fallait pas faire durer. Le deuxième, c’est de remercier mon corps, de le féliciter d’avoir tenu, car je sais quel problème j’ai rencontré sur scène.
Celui que vous avez refusé de suivre?
Changer les paroles d’une chanson. J’ai dit non. Quand on dîne au restaurant, on ne va pas voir le chef pour lui dire comment préparer sa recette!

Votre rêve le plus fou?
Jouer à l’Olympia. J’aimerais tellement! C’est mythique…
Votre pire angoisse?
Perdre mes parents, j’ai le cordon ombilical autour du cou! Ils sont très présents dans ma vie.

Votre dernière vie antérieure?
Forcément un truc dans l’art… Je devais sûrement faire de la peinture abstraite ou des collages, ou un truc dadaïste un peu perché!
Votre prochaine réincarnation?
Je ne pense pas qu’on se réincarne en humain alors je dirais un chat. C’est la liberté totale, l’indépendance, tu deviens le dieu de la maison.

Ce que votre Ex dirait de vous?
Un peu lunatique. Relativement généreuse, légèrement bornée. Intègre et honnête.
Ce que vous diriez de votre Ex?
Joker!

Votre dernier fou rire?
Hier. J’ai joué à Valence et c’était la première fois, en France, que j’avais une standing ovation. Je remercie chaleureusement le public et en quittant la scène, je me dis: «Mais quelle cruche! Si ça se trouve, les gens se sont levés seulement parce qu’ils voulaient partir.» Je riais toute seule à l’idée de la méprise.
Votre prochain coup de gueule?
La question écologique. Même si j’en parle (Titre: Toutes les minutes), je ne suis pas non plus un porte-drapeau! Mais je trouve le fonctionnement humain totalement absurde.

La petite manie qui énerve votre entourage?
Avant de monter sur scène, je chique la bouche grande ouverte pour lutter contre le trac. Ça fait du bruit! Quand on a le trac, on ne peut rien avaler. En mâchant, je fais croire à mon cerveau qu’il mange. Du coup, il se dit: «Ça va, on bouffe là… Pas besoin d’avoir peur!»
Celle que tout le monde vous pardonne?
Mes coups de gueule. Autant je peux être candide, souriante, un peu «freluquette», autant je peux me mettre à hurler si ça ne va pas! Quand je veux prendre les rênes, je deviens presque tyrannique…

Ce que vous faites le mieux?
Faire pleurer ma mère d’émotion. Elle pleure rarement, mais j’arrive à la faire pleurer quand je veux.
Ce que vous ratez à coup sûr?
La bouffe! Il n’y a rien de bon, rien de sensuel dans ce que je cuisine. C’est de la tarte aux restes…


* Genre inventé par Phanee de Pool entre slam et rap. Toutes les dates de tournée sont sur www.phaneedepool.com.