La danse comme un dialogue

Entraîner dans la danse l’ensemble du territoire du canton de Neuchâtel, tel est le défi que se lance l’Association Danse Neuchâtel (ADN). Cette association, dont le mouvement est la colonne vertébrale, crée des ponts et tisse des liens grâce à une programmation éclectique et audacieuse. La Loterie Romande l’encourage dans sa mission.

Philippe Olza,
chef de projet
L’association a été fondée en 1996 par un couple de passionnés. Très engagés dans la promotion de la danse, ils invitaient des artistes dont j’étais. Puis comme dans la vie, l’amitié s’est faite. Je me suis de plus en plus impliqué, jusqu’à leur succéder. Je suis comédien, acrobate, danseur et chorégraphe. Après avoir mené pendant trente ans une vie d’artiste professionnel, je me concentre maintenant sur l’organisation de projet. Dans ce canton, tout est à faire en matière de danse contemporaine. Avec Hiver de Danses, un programme conçu avec Nicole Seiler, qui court de janvier à juin, notre désir est d’aller vers de nouveaux publics. Aussi, notre programmation joue avec les frontières, les contrastes, l’intergénérationnel. Nous proposons des spectacles ludiques, comiques, d’autres conceptuels ou engagés dans la vie citoyenne. Puis nous voulons affirmer la danse en l’amenant hors les murs, par exemple dans les musées, car coopérer enrichit nos projets, c’est une plus-value culturelle. Enfin, notre politique tarifaire est très abordable avec certains spectacles à la collecte ou gratuits, ainsi que la possibilité de s’abonner à la saison via la carte Primo. Autre atout majeur, les ateliers gratuits animés par les artistes eux-mêmes: ils permettent de partager la création de l’intérieur. Nous voulons une véritable proximité avec le public. La danse parle au corps, passe par les émotions avant la compréhension, n’a pas la barrière de la langue. Elle enchante les réalités et doit se vivre comme un lien, comme un dialogue.

Antonia Nessi,
codirectrice du Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel
J’ai une sensibilité personnelle pour les arts vivants, d’ailleurs en 2014 j’avais invité des danseurs à intervenir dans le cadre de l’exposition d’un artiste contemporain. Aussi lorsque Philippe Olza s’est adressé au musée, j’étais très intéressée par sa démarche. Le musée est souvent vu comme un espace sacralisé, austère, élitaire. En entrant en écho avec les oeuvres exposées, le langage du corps nous vivifie. Il casse notre enveloppe rigide. La danse manifeste la rencontre du vivant et du figé et démontre que l’espace muséal n’est ni sacré, ni intimidant. Elle interpelle notre public, le surprend, le perturbe. La cohabitation du corps et le geste éphémère juxtaposé à l’oeuvre presque éternelle nous amènent à la voir autrement. Le musée se met au diapason de la société. Il en est le reflet et plus le mausolée. D’autant que l’art n’est pas juste une technique ou un savoir spécialisé. L’art, c’est vouloir parler du monde, de la vie. Le mouvement des corps nous ramène à la passion dont les artistes du passé ont nourri leurs créations. Voir une création à l’oeuvre nous laisse imaginer l’acte créateur lui-même. La danse nous révèle que les oeuvres exposées ont été un jour en mouvement. C’est passionnant!


Toutes les informations dont la saison 2019 sur: www.danse-neuchatel.ch