Quand un adolescent disparaît

En Suisse, on recense plus de 25 000 fugues par an. Créée en 2011, la fondation Missing Children Switzerland met tout en oeuvre pour retrouver les mineurs disparus et accompagner leurs familles. Sa ligne d’urgence 0848 116 000 est ouverte sept jours sur sept. Parents et adolescents en détresse y trouvent écoute bienveillante et soutien efficace. La Loterie romande est un donateur de la première heure.

Damaris Baeuchle,
responsable des opérations, membre du comité de direction
Sur les 185 cas de disparition traités depuis quatre ans, 40% sont des fugues. Or, on estime qu’entre la moitié et les deux tiers ne sont pas déclarées à la police. Le sujet est tabou car stigmatisant pour les parents. Qu’ont-ils raté? La situation familiale n’est pas le seul déclencheur; un adolescent peut avoir une appréciation faussée de ce qu’il vit à cause des bouleversements hormonaux. Sa décision de s’enfuir n’est pas toujours réfléchie et il est parfois inconscient de l’impact de son acte. Les problèmes peuvent venir de l’école, des amis, de sa perception de sa popularité. Quand nous avons un parent au bout du fil, nous vérifions s’il a bien appelé la police, puis on essaie de comprendre le contexte du départ en donnant des conseils pratiques: aller dans la chambre de l’enfant pour voir s’il a laissé un mot, si son passeport est là, s’il a pris de l’argent, une valise. On recommande de joindre ses amis, l’école, les lieux qu’il fréquente. Nous aidons les parents à identifier ce qui arrive et à déposer leurs émotions pour pouvoir réfléchir aux solutions à trouver avec leur enfant pour que la situation ne se reproduise plus. A la fin de l’appel, ils doivent être capables d’aller de l’avant en mettant en place quelque chose de concret. Nous leur téléphonons ensuite chaque jour pour les épauler. Pour renforcer ce soutien direct, nous formons aujourd’hui des conseillers bénévoles qui ont de l’empathie, du sang-froid et du recul, car chaque minute compte.

Emmanuelle Dellus-Haddad,
bénévole
Je suis maman de deux filles dont une adolescente. Je suis engagée depuis la création de la fondation. Cette expérience est enrichissante de par les personnes d’un grand professionnalisme que j’y rencontre. Je m’implique dans les événements de sensibilisation comme la Journée internationale des enfants disparus, le 25 mai. L’été dernier, nous étions aussi présents au Paléo Festival où j’ai tenu avec d’autres bénévoles et des jeunes un stand d’information. Il s’agissait de donner la ligne d’urgence, d’expliquer qu’en cas de disparition il existe un organisme compétent auquel s’adresser et de distribuer nos bracelets de prévention. Sensibiliser, c’est fondamental! Dans ces situations extrêmes de disparitions d’enfants, la fondation est là. Et il ne faut pas avoir honte à demander de l’aide; c’est une angoisse que l’on partage tous. Les premières heures sont cruciales, il faut réagir vite. Pour moi, c’est aussi très important de favoriser le lien avec nos adolescents qui se cherchent, s’affirment et de les considérer. Et justement les valeurs mises en avant par Missing Children sont l’échange, la responsabilité et le respect.

Toutes les informations sur:
www.missingchildren.ch