«SPORT X MANGA» célèbre Tokyo 2020 et la culture pop nippone au Musée Olympique

Jusqu’au 21 novembre 2021, le supokon – manga de sport – est à l’honneur au Musée Olympique de Lausanne. Dynamique, interactive et redoutablement instructive, l’exposition retrace l’histoire de cet art et en mesure l’influence sur la société japonaise d’après-guerre.

Par Carole Berset

IMMERSION DANS LE PAYS DU SOLEIL LEVANT Réalisée en collaboration avec le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, l’exposition plonge le visiteur au cœur d’une esthétique et d’un imaginaire typiquement nippons dès son arrivée. Dans le Parc Olympique, une allée de portiques inspirés des toriis des temples shintoïstes, décorée du traditionnel motif en damier bleu indigo… A l’intérieur, les mascottes olympiques et paralympiques au style résolument kawaii, Miraitowa et Someity, vous souhaitent la bienvenue. A leurs côtés, neuf héros des plus célèbres man- gas sportifs en 3D grandeur nature marquent le début de l’exploration…

UNE FENÊTRE OUVERTE SUR LA SOCIÉTÉ JAPONAISE Véritables ambassadeurs de la culture japonaise à l’étranger, les mangas n’ont eu de cesse d’entrer en dialogue et d’imprégner la société nippone. Si le légendaire maître de l’estampe Hokusai utilise le terme «manga» pour la première fois en 1814 pour désigner une série de croquis spontanés, il faudra toutefois attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour voir apparaître les premiers mangas tels que nous les connaissons dans leur forme moderne, issus de la presse écrite. Et très vite, le sport en devient l’un des thèmes principaux. Baseball, football, basketball… Si certaines des plus grandes stars du sport trouvent un écho direct à leur carrière dans ces bandes dessinées, le supokon participe également à la promotion de nombreuses pratiques sportives au Japon. Au-delà de la fiction, l’influence du genre est donc bien réelle. Dans les années 50, il joue par exemple un rôle prépondérant dans le retour des arts martiaux, et notamment du judo (qui avait été censuré) auprès des jeunes.

 

ET LA PLACE DES FEMMES? A la suite de la victoire de l’équipe féminine de volleyball aux JO de Tokyo 1964, de nombreux man- gas s’emparent de la question de la représentation des femmes dans la bande dessinée et la société japonaise. Là encore, fiction et réalité se confondent. En 1980, le célèbre mangaka tokyoïte Naoki Urasawa – également créateur de l’affiche de l’exposition – préfigure ainsi le retour du judo féminin au Jeux de Barcelone 1992 avec l’histoire de Yawara (à découvrir également à Lausanne!). Et lorsque la judokate Tamura Ryoko remporte la médaille d’argent, les spectateurs s’empressent de l’assimiler à l’héroïne en la surnommant Yawara-chan.

 

L’EXPO EN UN CLIN D’ŒIL Pour la deuxième fois, le Japon accueillera les JO d’été. Et pour la deuxième fois, ces Jeux se joueront sur un fond de reconstruction sociale pour le pays. Si l’édition de 1964 aura permis au Japon de se profiler comme grande nation économique après la guerre, l’année 2021 marque quant à elle un nouvel élan pour le pays suite à la catastrophe de Fukushima en 2011. Fan de manga ou non, l’exposition s’adresse à toutes celles et ceux curieuses et curieux d’en savoir plus sur le Japon, l’évolution des arts martiaux, l’arrivée des sports occidentaux, les Jeux de 1964 et les valeurs véhiculées par le sport. A découvrir, entre autres: des conférences retransmises en ligne, des dispositifs ludiques, une app en réalité augmentée, des interviews de célèbres mangakas, des films animés et des capsules kakimoji pour vous prendre en photo!

 

PHOTOS: MUSÉE OLYMPIQUE © CIO / YAWARA ! © URASAWA NAOKI – STUDIO NUTS SHOGAKUKAN