Trois cheffes au parcours unique à suivre en Suisse romande

Malgré des progrès significatifs ces dernières années, la gastronomie reste un secteur en grande partie masculin.

L’avènement de cheffes star comme Hélène Darroze ou Anne-Sophie Pic contribue à rééquilibrer la balance, mais il reste beaucoup de chemin à parcourir pour une plus grande parité à la tête des grands restaurants.

A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, TheFork met à l’honneur trois femmes inspirantes dans le milieu de la restauration en Suisse romande. Elles ont chacune marqué leur environnement par leur singularité, leur trajectoire et bien sûr, leur talent. Elles redéfinissent chaque jour le métier de chef à leur manière, autant par leur cuisine que par leur approche.

Focus sur trois parcours d’exception et sur trois adresses à tester en 2024 (si ce n’est pas déjà fait !).

Lucrèce Lacchio, Le Berceau des Sens

On ne la présente plus, tant la Grenobloise a déjà fait parler d’elle. A la tête du restaurant de l’EHL depuis septembre 2023, son profil dénote clairement puisque c’est la première femme à prendre la tête de l’établissement. Encore trentenaire, c’est aussi une des plus jeunes. Alors, après sept mois, mission réussie ? « Ces premiers mois ont été enrichissants à bien des égards. J’ai appris l’importance de prendre soin de moi, j’ai évolué professionnellement et partagé ma passion avec encore plus de conviction. Le Berceau des Sens représente une bulle au cœur de l’effervescence de l’EHL, ce qui m’a permis de créer et de partager dans un cadre idéal. » confie-t-elle.

Il faut dire qu’avec une vingtaine d’étudiants sous ses ordres, la mission était entièrement nouvelle pour celle qui a dirigé le Flacon à Genève pendant deux ans. La transmission de son savoir-faire est une priorité pour l’étoile montante : « C’est le cœur de mon métier au quotidien. C’est cette passion de partager qui m’a poussée vers l’EHL. »

Sa volonté de transmettre se ressent jusque dans ses assiettes, où chaque détail compte : « Être toujours là, présente pour chaque service, pousser mon équipe à prendre des risques, à expérimenter, tout cela fait partie intégrante de mon approche. C’est un travail de partage, d’échange, où prendre soin des autres est essentiel. »

Marie Robert, Le Café Suisse

Vaudoise d’origine, Marie Robert a racheté en 2010 un restaurant mis en vente pour fonder Le Café Suisse à Bex avec son associé, Arnaud Gorse. Elle a alors seulement 21 ans et revient d’un séjour en France, à Pauillac, où elle a perfectionné son art aux côtés du chef Thierry Marx. Pour elle, l’approche gastronomique reste entièrement la même : « les produits et les coutumes peuvent varier d’un pays à l’autre, mais c’est la main du cuisinier qui réussit à les apprivoiser. »

Elue cuisinière de l’année par GaultMillau en 2019, sa force de caractère a sans doute été un véritable allié dans son ascension, comme elle aime souvent le rappeler. Sa personnalité, on la retrouve aussi bien dans sa cuisine que dans l’atmosphère de la salle de son restaurant. Au Café Suisse, l’expérience n’est pas que gustative : « J’accorde énormément d’importance à la décoration dans mon restaurant. Que ce soit la peinture ou la disposition des meubles, nous pouvons revoir l’aménagement jusqu’à cinq fois dans l’année. J’adore changer ! » explique-t-elle.

14 ans après le lancement du Café Suisse, Marie Robert et son associé ont voulu relever un nouveau défi en rénovant entièrement l’établissement. L’opération, qui a duré presque deux mois, est maintenant terminée. Le restaurant a réouvert ses portes le 6 mars dernier, alors foncez-y !

Alexandra Zapata, Pachacamac

Lorsqu’elle a lancé le restaurant péruvien Pachacamac à Genève, Cecilia Zapata voulait rendre hommage à ses parents.

Disparue en 2022, c’est sa fille Alexandra qui a repris les rênes du restaurant familial, perpétuant ainsi le savoir-faire et l’héritage transmis par Cecilia. « Je trouve ma principale source d’inspiration dans les plats que ma mère me cuisinait pendant mon enfance» nous dit l’intéressée.

Rien de surprenant alors si la cuisine d’Alexandra Zapata oscille entre héritage millénaire et authenticité. Alliant techniques ancestrales et cuisine moléculaire, Alexandra perpétue les secrets culinaires de sa mère revisitant notamment les cuisines japonaise nikkei, mais aussi amazonienne, entre autres : « Mon héritage familial a une grande place dans ma vie, car j’ai toujours baigné dans la gastronomie.  Mon grand-père a ouvert le premier restaurant champêtre dans la ville de Pachacamac, au sud de Lima, ouvrant la voie à ma mère. Les deux m’ont transmis la passion pour la bonne cuisine. »

Son prochain objectif ? « Faire des évènements à thème et continuer à faire découvrir la beauté de mon pays à travers sa culture et de sa gastronomie » se réjouit-elle.


Photos © Sébastien Reichenbach Noxediem, Le Café Suisse, Pachacamac