Le syndrome transfuseur-transfusé touche 15% des grossesses gémellaires monochoriales*. Un des deux foetus se nourrit au détriment de l’autre, ce qui signifie un risque de mortalité de 90% pour les bébés. Aujourd’hui en Suisse, grâce à une fibre-laser d’une technologie époustouflante financée par la Loterie Romande dans le cadre de la Fondation pour le perfectionnement et la recherche en gynécologie et en obstétrique du CHUV, deux médecins pionniers opèrent dans le ventre des mères.
David Baud,
spécialiste en médecine materno-foetale
«Les grossesses m’ont toujours passionné. La période foetale est un monde mystérieux: qu’est-ce que le bébé entend, reçoit, vit? J’ai étudié cette technique à Toronto. Elle n’est pratiquée que dans quelques rares centres au niveau mondial. Le but est de séparer le placenta en deux parties pour permettre aux embryons de se nourrir séparément. Quand les cas se présentent, nous devons souvent agir le jour même afin d’éviter le décès des foetus. L’opération demande une précision et une vigilance extrêmes. Avec le docteur Luigi Raio de Berne, on fonctionne comme un pilote et un copilote: l’un repère les vaisseaux, l’autre les coagule. Il ne faut pas trembler. Les bébés sont vivants, ils bougent. Si l’un passe avec sa main devant le laser, il a la main coupée. Rien ne doit nous déconcentrer. Ces bébés que nous opérons sont un peu les nôtres. Se retrouver dans le ventre de la maman et les voir nager dans le liquide amniotique, pour moi ça reste une expérience hallucinante.»
Raphaëlle,
future maman
«La grossesse gémellaire a déjà été pour moi une surprise en soi. Je n’avais pas conscience qu’elle pouvait être à risque. Le syndrome transfuseur-transfusé a été diagnostiqué à 17 semaines d’aménorrhée un mercredi soir. Le docteur Baud m’a reçu le vendredi matin et m’a annoncé qu’idéalement je devrais être opérée dans l’après-midi. Tout est allé vite. Je l’ai assez bien vécu car le docteur Baud a la capacité d’être extrêmement clair sur ce qui se passe d’un point de vue physiologique pour les bébés, sur l’opération à venir et ses risques. Pendant l’intervention, vous êtes en anesthésie locale, consciente de ce qui se passe autour avec un médecin hyper-concentré qui arrive pourtant à vous délivrer quelques messages clés qui vous rassurent. Le procédé, certes invasif, est impressionnant de précision: trouver le bon angle d’insertion dans l’utérus pour coaguler les vaisseaux sans toucher les bébés. Au réveil, je n’étais ni groggy, ni vaseuse, sans douleur abdominale. J’ai eu une équipe de très grands professionnels. Dès le lendemain, j’ai eu des contrôles et par la suite toutes les semaines. Aujourd’hui, j’ai une cicatrice de 2 mm et j’attaque ma 29e semaine de grossesse. J’ai la chance d’avoir été très bien suivie dès le départ et d’être encadrée par des spécialistes des jumeaux, ainsi les bonnes décisions ont été prises au bon moment. Le dévouement et l’investissement personnel du docteur Baud et de son équipe sont formidables!»
* Un seul placenta pour deux foetus.
Toutes les informations sur: www.chuv.ch/dgo/dgo_home/dgo_presentation.htm.