Vers un changement de paradigme

Le 8 mars, une journée pour les droits des femmes.

Oser exercer son libre arbitre. Oser penser une réalité différente. Oser se battre pour ses droits. Oser le dire, l’écrire, le chanter… Officialisée en 1977 par les Nations unies, la Journée internationale des femmes nous rappelle que la liberté ne va jamais de soi; elle se prend. Chaque jour. Elle est un acte, une voix. Ceci est un hommage à ces femmes insoumises (et à toutes les héroïnes de l’ombre) qui ont su, chacune à sa manière, s’affranchir des carcans de leur condition et nous montrer sans cesse la voie de l’indépendance.

CLARA ZETKIN – L’INDÉPENDANCE ÉCONOMIQUE
Résolument politique, la Journée internationale des femmes fut célébrée pour la première fois en 1911, sous l’impulsion de la militante pour la paix antifasciste et amie de Rosa Luxemburg, Clara Zetkin. Dans son discours La lutte pour la libération des femmes, elle considère que l’émancipation de la femme passe inexorablement par «une révolution de son rôle dans la vie économique». Elle s’oppose ainsi farouchement au féminisme bourgeois et pose «le travail comme la condition de l’indépendance» des femmes. Le 19 mars 1911, plus d’un million de femmes et d’hommes se mobilisent pour revendiquer le droit de vote, le droit au travail ainsi que la fin des discriminations au travail pour les femmes.

SIMONE DE BEAUVOIR – POUR UNE FEMME SUJET
Dans son célèbre essai de 1949, Le Deuxième Sexe, l’écrivaine, philosophe et féministe Simone de Beauvoir revendique, pour la première fois de l’Histoire, l’égalité absolue entre les sexes et établit l’origine de cette inégalité dans une construction socio-historique. Elle affirme la nécessité pour les femmes de se définir (enfin) par elles-mêmes, et remet en question leur statu quo de dépendance par rapport à cet Autre qu’est l’homme: «Comment trouver l’indépendance au sein de la dépendance?» Selon elle, «une liberté qui ne s’emploie qu’à nier la liberté doit être niée». Aujourd’hui, si des avancées majeures ont certes été réalisées, aucun pays n’a encore atteint l’égalité des sexes. En Suisse, bien que 2021 marque le 50e anniversaire du suffrage féminin, de nombreuses inégalités subsistent. Or, cette réalité n’entre-t-elle pas en contradiction avec une volonté démocratique? La question demeure et le combat continue…

NINA SIMONE – UNE VOIX, UN COMBAT
Artiste militante dont les chansons abordent, à partir de 1964, les problèmes du racisme et des inégalités aux Etats-Unis, la légende du jazz et du blues Nina Simone devient très vite une icône féministe de la cause afro-américaine. Pour elle, «la liberté, c’est l’absence de peur». Sa lutte nous rappelle la réalité des femmes afro- descendantes et racisées, qui subissent le poids cumulatif des différentes oppressions, et la nécessité d’un féminisme intersectionnel, qui prenne en compte la situation spécifique des femmes non blanches, trans et LGBTQ.

L’AUDACE POUR LA LIBERTÉ
Chaque année, le 8 mars est l’occasion de faire le point sur les opportunités qui s’offrent aux générations actuelles et futures de femmes. Après sa nomination à la vice-présidence des Etats-Unis, Kamala Harris est la preuve vivante que le plafond de verre est peut-être en passe de se briser. S’il reste des progrès certains à faire, la parole des femmes semble toutefois se libérer quelque peu. Et comme le dit la militante pakistanaise Malala Yousafzai dans un constat bouleversant: «Quand le monde entier reste silencieux, une seule voix peut faire la différence»…


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