Charlotte Bouvard consacre sa vie à la survie

La jeune femme se bat pour la survie des prématurés. Septante antennes de Paris à Chambéry. Pour Genève, il n’y a plus qu’un pas…

Charlotte Bouvard, fondatrice de l’association SOS Préma, est une jeune femme dont la beauté suscite d’emblée une émotion. Un mélange de force et de sensibilité extrême. Le sens de l’engagement est une deuxième nature et ses enfants sa priorité. Il émanait du dîner de charité qu’elle organisait en novembre à la Maison Blanche à Paris chaleur humaine et générosité. A son image.

Charlotte Bouvard, comment avez-vous pu surmonter l’épreuve liée à la naissance prématurée de votre fils Maxence?
Toute difficulté peut être transformée en quelque chose de beau, de positif. Cette expérience douloureuse a donné naissance à un projet collectif, la création de l’association SOS Préma. Une association qui porte la voix des pères et mères confrontés à cette situation. L’idée, travailler avec tous les acteurs de la prématurité, parents, personnel soignant et pouvoirs publics pour améliorer la prise en charge des nouveau-nés hospitalisés et de leur famille.

Vous avez créé votre association neuf mois après la naissance de votre bébé Maxence, un pas essentiel pour vous?
Oui, essentiel. Je devais faire quelque chose de cet immense désarroi, de cette grande solitude. La prématurité, c’est comme un accident qui nous projette dans un univers inconnu et angoissant, où la vie côtoie la mort. Aucune maman ne devrait vivre cela!

Parlez-nous de vos plus belles victoires pour l’association.
Avoir pu offrir notre soutien à plus de 500 000 familles grâce à la générosité de nos partenaires et donateurs – nous n’avons pas d’aide de l’Etat. Et être accompagnée d’une magnifique équipe. Seul, on ne fait rien. Aujourd’hui, nous comptons sur 70 antennes. La proximité est essentielle. En 2006, nous avons pu faire rallonger le congé de maternité pour les mères d’enfants prématurés. Et nous travaillons actuellement sur une proposition de loi avec un groupe de députés. Le chemin parcouru est incroyable. Les gens positifs et généreux qui nous accompagnent dans ce projet nous émerveillent. Grâce à eux tout devient lumineux.

Et lorsqu’un nouveau-né ne survit pas, comment le vivez-vous?
Nous avons la chance d’être accompagnées par une psychologue formidable, Myriam Dannay, depuis douze ans. Elle nous a appris à écouter et à se protéger. La cohésion de l’équipe fait beaucoup aussi. Nous rencontrons des gens extraordinaires. Les paroles d’un prêtre lors de l’enterrement de la petite Léa m’ont apaisée. «Le livre de vie de Léa ne comportait que quelques pages mais toute vie, quelle que soit sa durée, vaut la peine d’être vécue.»

Quel chemin ambitionnez-vous de parcourir?
Mes objectifs, renforcer le terrain et continuer le gros travail en cours auprès des pouvoirs publics. Si la science a fait beaucoup de progrès ces cinquante dernières années, nous devons nous atteler à tout ce qu’il y a autour: l’accueil du nouveau-né et de sa famille dans les hôpitaux, la politique sociale, et le suivi – encore souvent défaillant et très inégal sur le territoire, etc. On agit pour l’avenir. Les plus petits, les plus fragiles sont les adultes de demain.

Aujourd’hui, quelle place prend votre profession, votre engagement, dans votre quotidien?
C’est un engagement à 2000 pour cent. Quelquefois, c’est lourd, il faut prendre du recul. Et on redémarre, on retrouve des ressources. Dans les moments de doute, l’équipe m’insuffle énergie et courage.

Quel genre de femme êtes-vous?
Je crois à l’éducation par l’exemple et je pense que tout est possible si l’on s’en donne les moyens. La possibilité d’être soleil pour les autres force l’humilité.

Un voeu à court terme?
Trouver le financement nécessaire à la poursuite de nos actions.

www.sosprema.com