Les feuilles rougissent et préparent leur envol, les pages au contraire tournent au rythme enthousiaste des nouveautés de la rentrée!
Impolitiquement correct
Derrière ses lunettes d’intello, Martina Chyba laisse filtrer un regard perçant auquel rien n’échappe. Avec une ironie qui confine au sadisme, elle débusque, autopsie et ridiculise tout ce qui fait notre quotidien privé, professionnel ou social, dont le déraillement du réel semble omniprésent, incurable – et, par chance, hilarant! La décontraction cynique de ces chroniques, parues dans la presse ou inédites, est une invitation à ne plus (trop) se laisser faire, un devoir de rentrée plutôt plaisant, n’est-ce pas?
De Martina Chyba, éd. Favre, 293 pages, CHF 24.–
Au nom du corps, du coeur et de l’esprit
Une formation de recueilleuse de récits de vie, une empathie naturelle, et voici Caroline Mauron-Pharisa sur la trace de Suzanne, qui renforce le traitement d’un cancer par des médecines alternatives, de ses camarades de «combat», et de ceux qui les aident sur cette voie différente et, apparemment, salutaire. Mais ce que l’écrivain a réussi à restituer avec finesse et admiration est surtout le courage de ces malades atypiques, leur appétit de vivre qui dope le lecteur et lui donnent une belle leçon…
De Caroline Mauron-Pharisa, éd. Aquilance, 2016, 16 pages, CHF 38.–
Espagnes
Il y a dans ce «s» inattendu le souvenir des anciens royaumes qui composèrent jadis la grande puissance colonisatrice, et la nouvelle qui donne son titre au recueil reprend cette idée de puzzle géant, riche de possibles mais dont la fin est inéluctable… Doux-amers, poétiques, cocasses ou étranges, ces fragments multiplient les variations autour de faits minuscules, au réalisme prenant. Quelques détails rebondissent parfois de l’un à l’autre, et lentement l’ensemble émerge comme une photo en développement dans son bain…
DʼAlain Freudiger, éd. La Baconnière, 2016, 127 pages, CHF 18.–
Liberté conditionnelle
Et si les conditions qui limitent notre liberté étaient, d’abord, les nôtres? S’y soumettre, comme Magali, n’est pas forcément gage de sérénité. Mais les refuser, comme Matthias, peut mener loin – trop loin. Dans cette relecture très contemporaine de la balzacienne Peau de chagrin, Hélène Dormond entre avec aplomb et entrain dans le monde de l’écriture, qu’elle peuple de souvenirs et d’événement en vrac, de personnages attachants, et d’une réflexion en filigrane sur nos projets, ces oiseaux fragiles et infidèles.
DʼHélène Dormond, éd. Plaisir de Lire, 2016, 200 pages, CHF 25.–
En quête de reconnaissance
En cette période de vendanges, Yves Balet propose une plongée pleine de suspens dans l’univers de la vigne et du vin! Le dossier de meurtre auquel Me Ledain se trouve confronté au seuil même de la retraite ne semblait pourtant pas lié à la dive bouteille, mais les voies de Bacchus sont sibyllines, tout comme son influence sur les liens familiaux. Ce polar romand, ficelé avec une sobriété efficace et vieilli en fût de chêne, est un heureux assemblage de péripéties, de dialogues intrigants et de discrète psychologie.
D’Yves Balet, éd. Slatkine, 2016, 222 pages, CHF 32.–
EN VENTE DANS LES LIBRAIRIES PAYOT – www.payot.ch