Figure incontournable de la BD, le père de Titeuf a troqué, le temps d’un album, son crayon contre une plume! Dans Paris 2119*, Dominique Bertail dessine tandis que Philippe Chappuis (alias Zep) écrit. Une complicité qui nous entraîne dans un Paris futuriste où le progrès rime avec dérives…
Votre futur, vous le voyez comment?
En 2119? Dans une urne! A l’échelle de ma vie, il n’y aura peut-être pas de transformations gigantesques, mais je suis curieux de voir ce qui va se passer. Quand on aime raconter des histoires, ce n’est pas dur d’imaginer toutes les dérives possibles… Je vois le futur rempli d’une technologie de plus en plus anxiogène. Le mien, j’espère, en sera détaché. Peut-être que j’accepterai un peu plus de lenteur avec le temps…
Si vous pouviez changer quelque chose dans le passé?
Sans doute, ne pas me sédentariser. Je ne suis pas persuadé qu’on ait gagné à ne plus être des nomades. J’ai l’impression qu’il y a toujours un truc chez nous qui est malheureux de ça. Toute notre vie se construit sur un endroit où on accumule nos affaires et dont on ne peut plus bouger. Je suis dans ce paradoxe. D’un côté, j’ai envie de bouger, ne pas m’ancrer dans une ville, de l’autre j’adore ça!
La phrase que vous aimez entendre?
Je t’aime.
Celle qu’il ne faut pas vous dire?
«Ce n’était pas à toi de remplir le frigo.» Et toutes les phrases de robot du genre «Tapez 1 pour confirmer votre choix.»
Votre plus gros mensonge?
C’est compliqué vu que j’invente des histoires tout le temps! Je dirais les mensonges d’enfant parce que j’étais rongé de culpabilité. Mais il y a aussi des mensonges utiles… Et puis on n’est pas obligé de tout raconter!
La vérité que vous n’auriez pas dû dire?
«C’est vrai que ça te fait une sale gueule cette coupe de cheveux!»
Le geste qui vous rend irrésistible?
J’ai bien peur qu’il n’y en ait aucun…
Celui que vous trouvez antiglamour?
Renifler, avec un petit bruit de cochon.
Votre rêve le plus fou?
Avoir un distributeur de bonbons Pez à mon effigie. Lu à l’envers, on lit Zep!
Votre pire angoisse?
Etre coincé dans un ascenseur avec un crocodile. Les deux sont très angoissants, alors ensemble…
Votre livre de chevet?
Le Royaume d’Emmanuel Carrère. Je ne suis pas dedans, mais je vais m’accrocher!
La série télé qui vous endort?
Game of Thrones. Voir deux mecs qui parlent dans le noir, éclairés à la bougie, de gens qui étaient là trois épisodes avant, je ne comprends pas!
Le don que vous aimeriez avoir?
Etre invisible, mais on peut l’être sans super pouvoir! Selon votre comportement, personne ne vous remarque. Le plus intéressant serait de voyager dans le temps.
Celui que vous avez acquis à force de travail?
Le dessin! C’est comme apprendre une langue. Au début, on dit trois mots et puis on finit par parler tellement bien qu’on peut traduire n’importe quoi! Ça demande un boulot quotidien.
Votre plus gros succès?
Je sais hyper bien utiliser les restes du frigo pour en faire un plat sympa. C’est toujours un succès!
Votre pire râteau?
Spontanément, je dirais ceux avec les filles. Quand la fille te plante à un RV, tu te sens minable.
La faute qui vous inspire le plus d’indulgence?
La faute avouée avec sincérité. Mais j’oublie tout très vite! Je suis fâché avec des gens sans me souvenir pourquoi!
Celle que vous ne pardonnez pas?
Le mensonge pour son côté machiavélique. L’oubli c’est une faiblesse, le mensonge c’est une force.
Le genre d’enfant que vous étiez?
Assez inquiet. J’ai commencé l’école très tôt, avec des plus grands que moi. Ajoutez à ça un papa flic qui ramenait un tas de faits divers à la maison, j’avais assez peur du monde… Du coup, j’ai adopté cette posture de rire des choses comme un réflexe de survie.
L’adulte que vous rêviez d’être?
Le même que maintenant, mais avec plus de cheveux! Sinon, je voulais être un artiste qui fait de la BD…
* Paris 2119 Album 80 pages – Editions Rue de Sèvres.