Radhia Kalaï : La couture comme dialogue avec la matière

Dans son atelier de Chardonne, sur les hauteurs du Léman, Radhia Kalaï donne vie à des créations uniques. Chaque pièce naît d’une rencontre intuitive entre la créatrice et la matière, loin des diktats de la mode éphémère. 

La matière comme point de départ

Chez Radhia Kalaï, tout commence par un tissu. Velours, soie, lin tissé ou toile d’ameublement détournée: chaque matière l’inspire différemment. «Je communique avec les tissus, ils me guident», confie-t-elle. La créatrice choisit ses étoffes à Paris, au mythique marché Saint-Pierre, ou au fil de ses voyages, notamment à Djerba. Le velours reste sa signature: «C’est une matière noble, chaude et sensuelle», explique-t-elle.

 

« Environ cinquante heures de travail pour un manteau. »

Un processus aussi instinctif que technique

Chaque création débute par un croquis de mode, suivi d’un développement du patron du modèle dessiné, puis par une toile d’essayage corrigée jusqu’à la perfection. Comptez environ cinquante heures de travail pour un manteau. «Je peux travailler deux jours sans dormir quand je suis inspirée, mais rester bloquée une semaine sur un détail technique», sourit-elle. Radhia Kalaï maîtrise la couture dans ses moindres subtilités: marges de couture larges pour des ajustements futurs, boutonnières passepoilées, cols sans couture visible et boutons recouverts du même tissu. Elle propose également des retouches et adaptations de vêtements existants et transformation de manteaux en fourrure en complément de la création. «C’est un service souvent sollicité par ses clientes qui souhaitent donner une seconde vie à leurs pièces fétiches.»

 

Des manteaux et vestes qui traversent le temps

Frileuse assumée, la créatrice s’est spécialisée dans les manteaux et vestes sur mesure: des pièces fortes et sculptantes qui habillent avec élégance une robe ou un simple jean. «Je n’ai jamais trouvé de beaux manteaux longs pour les occasions spéciales. Alors je les ai créés», raconte-t-elle. Certaines de ses clientes conservent leurs pièces depuis près de trente ans. L’une d’elles est revenue récem-ment pour raccourcir un manteau acheté en 2004. Un symbole de la durabilité chère à la couturière, qui conçoit ses vêtements pour durer toute une vie et même plus.

Le refus du cadre et l’amour du geste

Aucune collection n’est semblable à la précédente. Radhia Kalaï travaille par intuition, refusant de répéter ou d’uniformiser. Elle affirme: «Ce n’est pas une tendance qui me guide, mais la personne. Un vêtement doit s’ajuster à la personne, il doit fusionner avec elle, refléter sa personnalité et transmettre ses émotions positives.» Chaque pièce est unique, reflet d’un instant, d’une émotion et d’une rencontre avec la matière. Dans son atelier, les croquis s’alignent sur les murs, témoins d’un savoir-faire rare et d’une liberté créative totale.

Tenues de fête, quelles tendances?

Même si Radhia Kalaï se tient à distance des effets de mode, elle observe néanmoins un retour à l’essentiel dans l’univers des tenues de fête: les matières nobles telles que la soie sauvage ou le velours profond reprennent leur place. Quant à la durabilité et la personnalisation, elles s’érigent en véritables critères de luxe: les femmes recherchent désormais des pièces pensées pour durer. Enfin, le minimalisme sculptural séduit par sa justesse avec des lignes pures et des volumes maîtrisés. Pour celles qui aiment s’affranchir des codes, la créatrice conseille de choisir une robe qui «vous plonge dans un état» plutôt que dans une tendance passagère: «L’élégance, c’est d’être à l’aise dans ce que l’on porte.»

 

Veste longue, col officier et boutonnage sur plastron, coton mélangé. © Giovanni Paolo Antonelli

« Ce n’est pas une tendance qui me guide, mais la personne. »

Bio express

Au bénéfice d’un brevet fédéral de créatrice de vêtements
à Berne et d’un diplôme de l’école supérieure des techniciens de
l’habillement à Lugano, ainsi que formée au stylisme-modélisme à ESMOD Tunis, Radhia Kalaï s’est installée à Vevey en 2004 avant de poser son atelier à Chardonne (VD).

Forte de plus de vingt ans de création de pièces exclusives et de retouches sur mesure, elle conjugue un savoir-faire suisse de haute précision avec un sens raffiné de la matière et de la couleur. Issue d’une familled’artistes, elle a confectionné son premier costume entièrement fait main à l’âge de douze ans, un fil conducteur qui se
retrouve aujourd’hui dans chacune de ses réalisations uniques.

En savoir plus sur www.radhiakalai.ch