Interview recto/verso : Joseph Gorgoni

Derrière les traits facétieux de Marie-Thérèse Porchet se cache le visage moins connu de Joseph Gorgoni. Si l’humoriste genevois s’étonne encore du succès de son double féminin, le public, lui, ne se pose plus la question! La preuve, c’est sur la scène parisienne du Théâtre de la Gaîté Montparnasse que tous deux rempilent jusqu’au 22 septembre dans «20 ans après, la truie est toujours en elle» *

Quel genre de femme auriez-vous pu être?
Une femme de pouvoir. Pour changer les choses et faire que tout soit un peu moins violent.
Quel homme êtes-vous devenu?
C’est prétentieux de le dire, mais je commence à me trouver pas trop mal. En tout cas je suis sincère, fidèle et honnête.

Ce qui vous fait rire à tous les coups?
Quelqu’un qui tombe! Même si c’est une vieille dame, c’est affreux… C’est un ressort comique qui fonctionne à chaque fois!
Ce qui vous fait grincer des dents?
Les gens qui rient au premier degré de blagues sur le racisme, le machisme, les ségrégations, l’homosexualité. Je suis le premier à rire de trucs horribles, mais avec recul. Ça devient beaucoup moins drôle quand vous le pensez vraiment!

Ce qui vous empêche de dormir?
Ça ne m’empêche pas de dormir, mais l’idée que ça ne marche plus, ou de ne pas être à ma place, est une question existentielle qui revient souvent.
Ce qui vous maintient en éveil?
La curiosité, les rencontres, l’envie de rire et les gens qui m’entourent.

Votre livre de chevet?
En ce moment, c’est Sodoma de Frédéric Martel, une enquête sur l’homosexualité au Vatican. L’hypocrisie qu’il y a autour de l’Eglise et de l’homosexualité m’intéresse beaucoup.
La série télé qui vous endort?
La télé, tout court, m’endort. Sinon, je dirais Columbo.

La faute qui vous inspire le plus d’indulgence?
La maladresse. Dans la mesure où elle n’est pas volontaire, elle est excusable.
Celle que vous ne pardonnez pas?
La méchanceté, l’intolérance… Et la bêtise, mais ça va avec!

Le meilleur conseil qu’on vous ait donné?
Sois fidèle à toi-même. Je joue un rôle, mais je ne suis pas autre chose que ce que je suis!
Celui que vous avez refusé de suivre?
«Fais ça, ça va marcher!» Parce que si vous faites quelque chose sans être convaincu, vous vous plantez! On peut tricher une fois, mais sur la longueur il faut rester sincère.

L’objet dont vous ne pouvez pas vous passer?
Mon téléphone portable.
Celui qui vous encombre?
Mon téléphone portable. J’aimerais être moins accro…

Votre plus gros mensonge?
Dire à une femme qu’elle était très bien habillée alors que je pensais tout le contraire. C’est idiot, mais parfois on se sent obligé de dire quelque chose alors qu’il suffirait simplement de se taire.
La vérité que vous n’auriez pas dû dire?
Donner mon avis à une amie chorégraphe, qui me l’avait demandé, sur son spectacle. J’ai dit que je ne trouvais pas ça bien. En plus de l’avoir vexée, je l’ai fait beaucoup douter. Depuis, je m’abstiens. Ce n’est pas simple d’accepter la critique.

Votre plus belle audace?
Avoir fait naître Marie-Thérèse. Cette histoire est tellement inattendue… Avec Pierre Naftule, on a fait ça sans réfléchir. On a bien fait!
Votre plus grande peur?
Le trac. Avec le temps, je l’ai de plus en plus avant de monter sur scène. J’ai peur d’être ridicule… C’est venu avec l’âge. Peut-être parce qu’au départ, je n’avais rien à perdre, alors qu’aujourd’hui il y a une attente du public que je n’ai pas envie de décevoir.

Ce dont vous êtes le plus fier?
Je ne sais pas si c’est de la fierté, mais je suis plutôt satisfait de mon travail et de ma vie privée. J’ai vécu des trucs assez géniaux!
Ce qu’il vous reste à accomplir?
Continuer de rire et de faire rire. Quand on a trouvé ce pour quoi on est fait, c’est vraiment bien. Je ne suis pas un porte-voix, juste un amuseur, mais si les gens peuvent aller mieux avec ça, c’est déjà pas mal…


* https://marie-therese.ch