Peut-on échapper à l’hérédité?

Telle mère, telle fille… enfin, il paraît. Mais quand il s’agit de santé, on n’est pas obligée de lui ressembler.

La ménopause
C’est un fait: on est souvent ménopausée à peu près au même âge que sa mère et l’intensité des symptômes est similaire. C’est hormonal? Psychologique? Difficile de trancher car il y a probablement un peu des deux. Alors on a tout à gagner à prendre les choses avec philosophie (quand on y arrive). La parade: arrêter de fumer le plus tôt possible car le tabac peut avancer l’âge de la ménopause et augmenter les désagréments. Si le traitement hormonal substitutif vient généralement à bout des bouffées de chaleur, il doit être prescrit le moins longtemps possible. Les médecines douces sont très efficaces chez certaines femmes, pas du tout chez d’autres, il faut essayer pour le savoir. On a le choix: phyto avec l’actée à grappes noires notamment. L’homéo avec, par exemple, «Troubles de la ménopause» de Similasan qui réduit les bouffées de chaleur et la transpiration abondante. Ou encore l’acupuncture qui entraîne une diminution des symptômes de 36,7% en moyenne. On pense au sport (au moins 2 ou 3 fois 30 minutes par semaine) car on a moins de coups de chaud dans les heures qui suivent une activité physique. C’est le moment de se mettre au yoga pour apprendre à mieux gérer son stress et renforcer ses os. Je dis quoi à ma fille? L’âge auquel on a été ménopausée. Très peu de femmes en parlent et c’est important pour le suivi et la prise en charge de la génération suivante. Pas de tabous entre nous.

Les taches, non merci
On ne mélange pas tout: ce ne sont pas des taches qu’on hérite de notre mère, mais de son type de peau. C’est lui qui détermine notre capital solaire et le risque de voir apparaître des taches brunes si on s’expose trop aux UV. La parade: rester à l’ombre au maximum et, si on a la peau très claire ou fragile, utiliser une crème hydratante avec un SPF 15 ou 20 pour nos mains, notre visage et notre décolleté au quotidien. Même en ville. Même au printemps. Les traitements pour effacer les taches ont bien progressé depuis quelques années avec les lampes à lumière pulsée (si on a de nombreuses taches assez foncées) ou le laser (si nos taches sont petites, isolées ou plus claires). Compter dès CHF 150.– la séance en moyenne. Inspiré des peelings à l’acide trichloracétique réalisés chez le dermato, le nouveau dispositif médical Urgo Expert Traitement Taches Brunes permet de dégommer les taches seule à la maison. Attention quand même, des croûtes sont à prévoir pendant quelques jours. Les crèmes dépigmentantes peuvent freiner la réapparition des taches et retarder un nouveau traitement, à condition d’en mettre tous les jours. Je dis quoi à ma fille? De veiller à bien se protéger du soleil et de toujours utiliser de la crème lorsqu’elle s’expose.

Les règles douloureuses
Sans pouvoir l’expliquer, les médecins constatent que les règles douloureuses se «transmettent» dans une même famille. La faute aux hormones? Pas si sûr. Une étude récente suggère que les douleurs et le syndrome prémenstruel résulteraient d’un phénomène inflammatoire. Le mystère perdure… La parade: d’abord en parler avec son gynéco car il faut écarter le risque d’endométriose qui cause de fortes douleurs au moment des menstruations. Si la pilule et le stérilet hormonal sont très efficaces sur les crampes (et les sautes d’humeur), il existe des solutions pour celles qui refusent les hormones. Outre les antidouleurs, il y a les plantes. Le gattilier, à prendre 10, 15 ou 20 jours avant les règles, lutte contre le syndrome prémenstruel (contre-indiqué en cas de cancer hormonodépendant ou d’antécédents familiaux). L’achillée millefeuille, en gélules ou tisanes, soulage les crampes. Je dis quoi à ma fille? Qu’il n’y a pas de fatalité et qu’elle peut éviter de souffrir tous les mois. On l’incite à ne pas sécher le sport car les études montrent que pratiquer une activité physique diminue les symptômes.

Les cheveux clairsemés
Se dégarnir avec l’âge n’est pas réservé aux hommes. Si notre mère avait une alopécie androgénétique, on a 3 fois plus de risque de voir nos cheveux s’affiner tôt et se clairsemer franchement vers 35/40 ans. Heureusement, on peut ralentir le processus. La parade: on consulte un dermato dès qu’on a l’impression que notre crinière perd en volume. On pourra limiter les dégâts grâce à des lotions au Minoxidil qui stimule la microcirculation au niveau du crâne et la pousse des cheveux. Un traitement hormonal (un progestatif anti-androgénique) peut être proposé en complément. Si on est déjà gênée esthétiquement, des microgreffes de cheveux redonnent de la densité, mais il faut y mettre le prix: dès CHF 7000.–. Je dis quoi à ma fille? De surveiller ses cheveux, notamment au niveau des tempes et de la raie qui a tendance à s’élargir en premier. Et d’opter plutôt pour une pilule contraceptive avec un effet anti-androgène, en accord avec son gynéco, bien sûr.

Prendre soin des pieds
L’hallux valgus (appelé couramment «oignon») est héréditaire dans environ 30 % des cas. Le plus efficace pour y échapper reste encore de choisir les bonnes chaussures. C’est simple, mais ça fait toute la différence. La parade: pour prévenir la déformation du gros orteil, on oublie les escarpins très rigides, à talons trop hauts (pas plus de 4-5 cm pour limiter la pression sur l’avant du pied) et à bout étroit ou pointu pour prévenir les frottements. Alterner petits talons (2 ou 3 fois par semaine maxi) et chaussures plates, en vérifiant qu’elles plient bien au niveau de la base des orteils quand on marche. Je dis quoi à ma fille? On lui offre des chaussures qui respectent les critères ci-dessus et qui lui plaisent bien sûr. On peut aussi l’emmener faire sa première pédicure, histoire de lui montrer que ça ne fait pas mal et la motiver à y aller tous les ans.

Des jambes légères
L’insuffisance veineuse est très «contagieuse». Si notre mère avait les mollets et les pieds gonflés au moindre pic de chaleur ou après avoir beaucoup marché, il est probable qu’on soit dans le même cas depuis l’adolescence (merci les hormones). On peut, en plus, avoir hérité de varicosités, ces lignes bleutées dues à l’éclatement de petits vaisseaux sanguins. Maintenant, il faut limiter la casse pour ne pas arriver au stade des varices. La parade: on fait une croix sur tout ce qui donne un coup de chaud à nos jambes (sauna, hammam, bains à plus de 32 °C, pantalons trop serrés…). L’été, s’asperger régulièrement les jambes d’eau fraîche et miser sur les veinotoniques à base de plantes. Associer gélules (type vigne rouge) et gel à effet frais (RapPhyto) protège les capillaires sanguins et améliore la circulation. On évite de mettre trop de pression sur nos gambettes en ne restant pas trop longtemps debout (files d’attente, concert en fosse…). La solution? Enfiler des bas de contention qui agissent de façon mécanique pour accélérer le retour veineux. Indispensables en avion et pendant la grossesse. Enfin, l’exercice reste la meilleure prévention. Si l’aquabiking, la natation ou les sports d’eau sont généralement recommandés, marcher d’un bon pas stimule les muscles de la jambe qui massent les veines et relancent la circulation sanguine. Je dis quoi à ma fille? D’en parler au gynéco avant de se faire prescrire la pilule (le type de contraception peut aggraver ou soulager le problème). On l’encourage à faire de l’exercice aussi souvent que possible et à ne pas zapper la visite annuelle chez le phlébologue afin de suivre l’évolution de la maladie.

Merci au Dr Valérie Leduc, phlébologue à Paris, au Pr Philippe Descamps, gynécologue au CHU d’Angers, auteur de «Docteur, j’ai encore une question» (éd. Larousse), et au Dr Nina Roos, dermatologue à Paris, auteur de «Une peau en pleine forme!» (éd. Solar).

Des maladies à surveiller de mère en fille
Le cancer du sein ou de l’ovaire: il n’est héréditaire «que» dans 5 à 10% des cas. Mais si notre mère et d’autres femmes de la même branche sont touchées, il peut être nécessaire par des tests génétiques de déterminer si on est prédisposée ou non. En revanche, le cancer du col de l’utérus ne dépend pas de la génétique mais d’un virus.
L’ostéoporose: si notre mère et/ou notre grand-mère s’est cassé le col du fémur ou le poignet, il faut impérativement en parler à son médecin car l’ostéoporose a une forte composante héréditaire. Surveillance indispensable.
Les problèmes cardio-vasculaires: c’est la première cause de mortalité chez les femmes. Si notre mère et/ou notre grand-mère souffrent d’hypertension, de cholestérol ou de thrombose, on redouble de vigilance côté hygiène de vie.